Biologiste inachevée, mais toujours écologiste dans l’âme, Julie Lambert est séduite par l’intelligence de la nature qui demeure pour elle un modèle inégalé.

Le raku est une technique japonaise du 16e siècle et rattachée à la philosophie Zen. Jusqu’à une époque très récente, au Japon le raku était utilisé presque uniquement pour la fabrication des bols réservés à la Cérémonie du Thé. Il est difficilement possible pour une mentalité occidentale de comprendre la philosophie profonde du raku. Seule la technique en a été bien comprise et adaptée par les potiers occidentaux.

Les pièces Raku sont fabriquées avec une argile très chamottée résistant bien aux chocs thermiques. Il n’y a pas de critère précis entourant la fabrication des pièces. Cependant, les exigences techniques et le caractère imprévu et spontané du raku conditionnent la forme, la taille, la structure de l’objet.

Les pièces sont préalablement biscuitées aux alentours de 1700oF afin de les rendre plus résistantes aux manipulations. Puis on applique la glaçure. Les couleurs et les effets métalliques sont obtenus par des oxydes métalliques tels le carbonate de cuivre, l’oxyde de cobalt, le nitrate d’argent etc. Ensuite les pièces sont introduites dans le four déjà chaud. On augmente la température jusqu’à ce que la glaçure fonde (environ 1800oF.). Cela prend de 30 à 40 minutes. En regardant à l’intérieur du four, on voit la glaçure en fusion devenir luisante et visqueuse. On utilise alors de longues pinces pour défourner les pièces et les déposer dans des contenants emplis de bran de scie, de feuilles mortes, de foin ou de tout autre matière combustible. En plaçant les pièces dans une atmosphère pauvre en oxygène et saturée de carbone au moment où elles sont en fusion, donc sensibles à un changement chimique, on obtient une réduction qui modifie les couleurs de la terre et de la glaçure. La réduction d’une pièce encore chaude disparaîtra si elle est remise en contact avec l’oxygène de l’air. C’est pourquoi, afin de fixer les effets de la réduction, on la plonge dans l’eau froide. Il ne reste plus qu’à nettoyer la pièce avec du sable ou une laine d’acier pour faire disparaître la suie et le bran de scie brûlé et voir apparaître les couleurs et les lustres. Les marques de pinces, les cassures, les craquelures, si elles ne nuisent pas à la solidité de la pièce et si elles participent à la beauté du décor et de la forme, sont des accidents positifs et intéressants.

“Au cours de son travail, le potier s’efforce de réunir les conditions requises pour que se présente l’occasion de créer et que puisse se produire l’imprévisible. Ceci n’implique en aucune façon qu’il cherche volontairement à provoquer l’“accident”. Évidemment, tous les phénomènes inattendus qui surviennent ne sont pas nécessairement positifs. Par conséquent, un aspect de cette discipline du raku est la capacité de discerner le bon du mauvais, et le courage de rejeter ce dernier. Les résultats obtenus seront sans précédent et le potier ne trouvera aucun critère pour les juger. Était-ce prévu, voire voulu ?  Est-ce bon ?  Et qu’entend-on par “bon” ?  Ces œuvres mettent ainsi en question notre regard, notre émotivité et notre esprit; il n’y a pas de réponse toute faite”.

Hal Riegger – Raku  Art et technique

 

@